Les 24 heures de Joué-les-Tours ou les raisons d'un aller-retour express...
Hier, tard dans la nuit en mode "cruise-control" quelque part sur une autoroute, comme très probablement toutes celles et ceux venus de loin pour participer (en piste pour les plus chanceux ou comme moi sur la pointe des pieds pour tenter de suivre de visu les courses) à ce troisième week-end de Coupe de France de BMX Race, je m'interrogeais sur les (bonnes) raisons d'un aller-retour à Joué-lès-Tours...
A vrai dire, cet aller-retour n'avait pas été inscrit initialement à mon agenda.
Après Carpentras et Mours-Romans, j'avais jugé en effet trop loin, trop coûteux mais plus encore insuffisamment motivant d'aller exposer les productions Chilkoot et/ou regarder les courses à Joué-lès-Tours ainsi qu'à La Chapelle Saint-Mesmin.
Un simple appel téléphonique au soir du samedi 30 avril suffit à changer la donne.
Et pour cause, un très léger recul de l'insert aluminium du boitier de pédalier avait été constaté sur le cadre de course d'Emilien Chiron (au sortir de sa malheureuse chute en 1/2 finale Elites) rendant caduque pour lui tout espoir de rouler serein le lendemain, faute d'un cadre "mulet" disponible sur place.
En quelques minutes, je décidais donc de prendre la route pour Joué-lès-Tours, avec un cadre neuf dans le coffre et après avoir convenu avec les deux pilotes du Team (Emilien Chiron et Greg Gilson) d'une séance matinale de démontage-remontage sous la tente paddock de l'U.B.V.(Union BMX Vaucluse).
Quelques 1 500 KM plus tard, après avoir passé 13 heures au volant de la Chilkootmobile et m'être délesté au passage de 270 € (ne comptant que l'essence et les péages) en l'espace de 24 Heures, j'essayais donc en arrivant sur Cavaillon vers une heure du matin de trouver les raisons d'apprécier mon aller-retour express Cavaillon <> Joué-lès-Tours.
Au final :
1> il avait permis à Emilien de rouler sereinement, c'est à dire suivant les dispositions d'un sponsoring professionnel,
2> il m'avait permis de mesurer de mes propres yeux l'existence actuelle d'un "Patron" en piste, Joris Daudet du Stade Bordelais, très clairement au-dessus du "lot",
3> il m'avait permis de vibrer avec le très rapide et véloce "Bézo" (Benoit Leroy) de l'Union BMX Vaucluse,
4> il m'avait permis d'apprécier une fois encore l'élégance du riding et le sens de la trajectoire de "Milou" (Emilien Chiron) de l'Union BMX Vaucluse (et Rider Chilkoot),
5> il m'avait permis d'observer ces quelques très jeunes femmes qui forcent le respect, au milieu du "lot", par leur riding engagé et le charme que certaines arrivent à communiquer tout de même (par delà leur casque et tenue de "Gladiateurs" souvent aux antipodes de toute féminité), laissant trainer derrière elles dreadlocks et autres jolies mèches blondes...
6> il m'avait permis de voir un beau geste de solidarité, Sylvain André (lui même blessé) et Romain Melin se précipitant dans le second virage pour soutenir Adrien Demaria victime d'une mauvaise chute en 1/2 finale Elites (une chute qui se solde pour lui par une entorse de la cheville),
7> il m'avait permis enfin d'assister (et de filmer) au généreux 3.6 de Greg Gilson, aux commandes de "notre" cadre, 100% innovant, 100% carbone, 100% fait à la main, 100% français et dont bon nombre d'observateurs se demandent encore quel est le nom de ce pilote "patriot style" et la marque de son étonnant cadre blanc !
En résumé, sept bonnes raisons donc de continuer à courir la France, des heures durant, pour ces quelques minutes d'élégance, La Superbe (1) élégance même !
Pourquoi en effet devrait-on continuer à faire de l'ordinaire, voire du laid qu'en on peut (doit) faire du beau, car le BMX, c'est vraiment beau !
(...pourvu qu'il y ait du professionnalisme, de la rigueur, de la passion, de l'élégance, du style, de la solidarité et du panache)
(1) La Superbe - une chanson et un album de Benjamin Biolay - 2009 (bande son fortuite de la road-vidéo ci-dessous, "court métrage" sans dialogue d'un aller-retour express au coeur de la nuit, au coeur de la course...)
